Loczy (Pikler)

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Laurène Trevisan, Conseillère pédagogique

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D’où vient la pédagogie Loczy ?

En 1946, Emmi Pikler, pédiatre et psychopédagogue hongroise, crée une pouponnière pour les enfants orphelins et abandonnés après la guerre avec pour but « d’éradiquer les carences institutionnelles en proposant une attention personnalisée et des interrelations chaleureuses, au sein d’un environnement stimulant, stable et prévisible » (www.pikler.fr).
La pouponnière prendra le nom de Loczy en référence au nom de la rue où elle se trouve à Budapest. Dans cette pouponnière, Emmi Pikler y applique une approche éducative, innovante pour l’époque, basée sur le respect de l’enfant et de son rythme de développement, son bien-être, la qualité du soin, la motricité libre, l’activité autonome ainsi que la relation privilégiée entre l’enfant et l’adulte.

Loczy (Pikler)

Focus sur les principes clés :

1. L’enfant est compétent

Emmi Pikler met rapidement en avant qu’il est essentiel d’accueillir l’enfant en le considérant comme compétent. En effet, le bébé est actif dans son propre développement s’il se trouve dans un environnement sécurisant. Il est capable d’une activité spontanée sans intervention de l’adulte.

2. La motricité libre et l’activité autonome

Animée par ce premier principe, Emmi Pikler mène alors des recherches sur le développement moteur de l’enfant (Pikler, 1970). Les résultats montrent que le bébé est, effectivement, capable d’acquérir les différents stades moteurs (retournement sur le ventre, assis, quatre pattes, debout…), en se déplaçant librement, sans restriction et sans l’aide de l’adulte. D’après ses recherches, il est insécurisant pour le bébé de le mettre en position assise si celui-ci ne s’est pas mis dans cette position par lui-même. Pikler met donc en avant qu’il faut respecter le rythme de l’enfant en le laissant seul apprivoiser les différents stades moteurs et en le laissant prendre du plaisir à explorer par lui-même (//activité autonome). L’enfant est donc mis en situation d’activité autonome autant que possible et l’adulte prépare l’environnement afin de favoriser cela. Emmi Pikler démontrera également que l’enfant en motricité libre est même plus prudent, apprend à tomber sans risque en comparaison à un enfant davantage protégé et dont les mouvements sont limités. L’enfant n’a pas besoin de l’intervention de l’adulte pour changer de posture et se développer mais il a besoin du regard de l’adulte et d’une relation de qualité pour se sentir en sécurité et explorer son environnement.

3. La relation entre l’adulte et l’enfant

La pédagogie Loczy souligne toute l’importance de la relation entre enfant et professionnel. L’enfant peut se développer par lui-même à condition d’avoir une relation de qualité et de confiance (// théorie de l’attachement) avec un adulte référent. Pour Pikler, il y a deux types d’interactivités complémentaires :

– L’adulte est dans une attitude d’observation active pendant la motricité libre et l’activité autonome de l’enfant. Son regard bienveillant sécurise l’enfant et favorise autant son bien-être que son épanouissement. Il accompagne l’enfant dans son exploration à distance.

– Pendant les soins, l’adulte est dans une relation de confiance avec l’enfant. Celle-ci est individualisée, empathique. L’adulte verbalise l’environnement, ce qui se passe autour d’eux. Il y a un partage entre l’enfant et l’adulte, ce qui favorise la sécurité affective et la prise de conscience de lui-même et de son environnement.

Emmi Pikler nous a quitté en 1984, la même année où l’association « Pikler Loczy, pour une réflexion sur l’enfant » a vu le jour. Celle-ci « rassemble des professionnels de la petite enfance qui reconnaissent les éléments novateurs des travaux d’Emmi Pikler et se réfèrent à des formations, des expériences et des cadres théoriques divers » (www.Pikler.fr).
Depuis 2006, la pouponnière rue Loczy s’est transformée en crèche et continue de promouvoir les principes clés de Pikler. Cependant, parmi les pédagogies dites alternatives, celle de Loczy est moins connue du grand public alors que celle-ci a la particularité de s’adresser aux tout-petits (0-2 ans) et de mettre en avant des principes révolutionnaires comme celui de la motricité libre. Toutefois, petit à petit, l’approche Loczy fait son bout de chemin et continue à traverser les frontières en inspirant de nombreux milieux d’accueil.

Laurène Trévisan, FILE asbl, 12/2019