Le statut des accueillantes

Le statut des accueillantes : Les nouvelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles et du travail de la plate-forme

Le travail de la FILE au travers de la plate-forme

Jeudi 8 octobre, la Ministre de l’Enfance Joëlle Milquet a convoqué en urgence les membres de la Plate-forme en faveur du statut de travailleur salarié pour les accueillantes d’enfants conventionnées.
La Plate-forme, initiée il y a deux ans par la FILE et composée des partenaires sociaux (hors FIMS) a été la première informée de la décision du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles : l’octroi de 4 millions à l’ONE en 2016 et 8 millions en 2017 pour assurer un revenu minimum garanti aux accueillantes d’enfants conventionnées qui toucheront un minimum de 1.200 euros par mois.

La FILE se réjouit de cette avancée mais ne perd pas de vue l’objectif qui réunit solidement la Plate-forme : le statut complet de travailleur salarié pour ces professionnelles de l’enfance. Nous estimons en effet que l’accueil d’enfants qu’il soit pratiqué en collectivité ou à domicile exige un même niveau de compétences et de formation, et donc une même reconnaissance et valorisation salariale.

Nous maintiendrons donc notre travail en ce sens au sein de la Plate-forme pour obtenir en 2018 au plus tard les 1ères accueillantes engagées avec un contrat de travail , de même qu’en faveur d’une revalorisation des services qui encadrent les accueillantes, restés les parents pauvres de la mesure.

Lisez les articles de presse ci-dessous pour plus d’informations.

LeSoir_20151009-560x420

La Fédération Wallonie-Bruxelles offre un revenu garanti aux accueillantes d’enfants – Le 17h du Soir du 09 octobre 2015 – Elodie Blogie

Elle a dégagé 4 millions d’euros pour offrir un revenu minimum garanti aux accueillantes d’enfants conventionnées. Elles toucheront un minimum de 1.200 euros par mois.

Cela fait des années qu’elles militent pour obtenir un statut complet et les droits qui en découlent : chômage, congés payés, etc. Les accueillantes d’enfants conventionnées viennent d’obtenir de la Fédération Wallonie-Bruxelles un premier geste, et non des moindres. Dans son budget 2016, présenté jeudi, la Communauté a en effet prévu quatre millions d’euros pour financer un revenu minimum garanti aux accueillantes.

La situation aujourd’hui

Les accueillantes, ce sont ces quelque 2.600 gardiennes francophones qui ouvrent leur domicile à cinq bambins maximum par jour. Pour l’instant, les accueillantes sont à peine « défrayées » : elles reçoivent 18 euros par enfant présent et par jour. Un enfant, pourtant inscrit, est absent ? La gardienne n’est pas payée. Elle prend deux semaines de congé ? Idem. Sans statut, ni reconnaissance, avec des revenus fluctuants, les accueillantes vivent une situation particulièrement précaire. « Les accueillantes font face à des réalités très différentes, explique Anne Teheux, responsable de la fédération des services maternels et infantiles (FSMI) pour Vie Féminine, membre de la plate-forme pour le statut des accueillantes conventionnées. En milieu urbain, comme à Bruxelles, elles ont souvent des listes d’attente et fonctionnent donc toujours à temps plein. Mais en milieu rural, les présences des enfants sont beaucoup plus fluctuantes. La précarité des familles se ressent plus et, en fonction des revenus, les familles optent davantage pour la débrouille. On nous a encore rapporté récemment le cas d’une accueillante qui, en un mois, avait gagné 400 euros et ne pouvait pas payer sa facture d’électricité… »

Stabiliser et améliorer les revenus

La plate-forme avait dès lors un double objectif : la stabilisation et l’amélioration des revenus. Cette stabilisation était inscrite dans la déclaration de politique communautaire, rappelle Eddy Gilson, directeur de l’accueil de la petite enfance à l’ONE. La décision de la ministre en charge de la petite enfance, Joëlle Milquet, répond à ces attentes et à ces engagements. Les quatre millions d’euros mis sur la table serviront à financer un revenu minimum garanti qui tournerait autour de 1.220 euros par mois, c’est-à-dire l’équivalent de trois enfants présents à temps plein. Il s’agit bien d’un revenu minimum, les accueillantes qui ont quatre ou cinq enfants inscrits continueront à gagner plus.

Un pas vers le statut complet ?

Ces mesures devraient entrer en vigueur le 1er  juillet 2016. Si quatre millions ont donc été débloqués pour 2016 (pour les six derniers mois de 2016 en réalité), huit autres ont été dégagés pour 2017. Ce revenu minimum garanti n’est cependant qu’une première étape. « C’est évidemment une très bonne nouvelle, commente Natacha Verstraeten, porte-parole de la plate-forme, reçue par le cabinet Milquet jeudi, à 16 heures. Mais nous sommes intéressées par cette avancée uniquement comme une étape vers le statut complet de salarié, qui est l’objectif que nous poursuivons depuis le début. » Pour ce faire, c’est le fédéral qui est compétent.

Les accueillantes entreront-elles au XXIe siècle ? – L’Avenir du 10 octobre 2015 (Catherine Ernens)

Les accueillantes d’enfants ont obtenu un revenu minimum garanti grâce à Joëlle Milquet. Pour un statut social complet, le fédéral devra jouer.

Les accueillantes d’enfants conventionnées ont obtenu jeudi un revenu minimum garanti pour les douze mois de l’année. La mesure sera mise en route en juillet 2016. Le montant s’élève à environ 1 200 euros bruts. Un montant peu fiscalisé mais duquel il faut retirer les frais de nourritures pour les enfants accueillis, jouets, chauffage, électricité.
Afin de permettre ce revenu minimum, la ministre cdH, Joëlle Milquet, a débloqué 4 millions pour 2016 et 8 millions en 2017. «C’est une belle avancée. Vie féminine mène ce combat, qui concerne 2 500 femmes en Belgique francophone, depuis 40 ans. Les accueillantes conventionnées vivent des situations poignantes dès qu’elles sont confrontées à un accident de la vie. Suite à une séparation, elles pouvaient se retrouver avec une rentrée de 500 euros qui ne leur permettait même plus de payer leur électricité», explique Anne Teheux, responsable de la Fédération des Services Maternels et Infantiles (FSMI) de Vie féminine. Désormais, et par exemple, les accueillantes seront défrayées lorsqu’elles iront en formation (obligatoires mais non payées jusqu’ici).

Balle dans le camp fédéral

Les accueillantes d’enfants conventionnées prennent en charge à leur domicile entre 1 et 4 enfants de 0 à 3 ans. Cet accueil «familial» et de proximité est essentiel pour permettre à de nombreuses jeunes mamans de travailler. Ces accueillantes ont été considérées jusqu’en 2003 comme de simples bénévoles défrayées. Depuis lors, elles disposent d’un «filet social», une première avancée considérée comme transitoire pendant cinq ans.
Douze ans plus tard, les accueillantes n’ont toujours pas leur vrai statut de travailleuses. La promesse en avait pourtant été faite successivement par les gouvernements Leterme, Van Rompuy et Di Rupo. Malgré les efforts de Joëlle Milquet (cdH) et de Laurette Onkelinx (PS), le dossier est resté au tiroir, notamment suite à la chute d’un gouvernement d’Yves Leterme.
Les accueillantes sont sorties du Moyen Âge social en 2003. Elles ont attendu douze ans pour avoir un revenu minimum garanti qui leur permet, en particulier, de ne pas tomber dans la précarité en cas de séparation. Pour entrer dans le XXIe siècle, et obtenir un statut social complet, il faudrait que le gouvernement fédéral le décide. Mais le Premier ministre Charles Michel n’a rien prévu dans sa déclaration de gouvernement.
La balle est dans le camp du ministre de l’Emploi, Kris Peeters (CD&V). L’homme est sensible à la question des accueillantes conventionnées et a permis des avancées en Flandre lorsqu’il en était ministre-Président. Il reste à voir si les libéraux, et les nationalistes, pourront avoir un peu de cœur et ouvrir leur portefeuille serré à un peu de social et de bon sens.